Je m’appelle Elisa Gorins et je suis la Directrice de la Communication et du Développement de l’association AVA – Agir pour la Vie Animale. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous écrire personnellement pour partager avec vous une expérience professionnelle, mais aussi personnelle, qui a vraiment été révélatrice pour moi et mérite d’être partagée avec vous qui nous soutenez.
AVA a 3 « valeurs-piliers » depuis son origine : Protéger, Comprendre et Partager.
Protéger, c’est évidemment protéger les animaux, les recueillir et leur offrir une vie bonne au sein de nos refuges.
Comprendre, c’est comprendre le vivant et sa relation avec l’Homme, pour, justement, pouvoir mieux le protéger.
Partager, c’est partager avec le plus grand nombre nos connaissances, et encourager le partage entre l’Homme et l’animal.
Aujourd’hui, je veux m’arrêter sur ce pilier qu’est « Comprendre ».
AVA est, à notre connaissance, la seule association de protection animale française qui soutient la recherche éthique. Il ne s’agit bien évidemment pas d’expérimentation animale (contre laquelle, au contraire, nous luttons), mais d’acquisition de connaissances par des méthodes respectueuses des animaux, comme, par exemple, la science participative, ou l’observation des animaux dans leur environnement. Concrètement, cela signifie que depuis sa création, AVA encourage la recherche en finançant des projets scientifiques, comme des thèses de doctorants, des congrès (comme Pet Revolution) ou des événements de vulgarisation (la Pet & Co.).
Pourquoi AVA soutient la science, me direz-vous ? La réponse est simple : pour protéger, il faut comprendre. C’est notre devise. La « protection animale » est régie par les émotions : les « défenseurs des animaux » agissent avec leur cœur, par empathie, par amour des animaux, par envie d’agir pour les sauver. Notre attrait naturel pour nous lier à des espèces si différentes de la nôtre est vraiment une particularité de l’Humain. C’est même, à mon sens, ce qui fait la magie de l’Homme. Mais, malgré toutes nos bonnes intentions, nous n’avons pas toujours la connaissance nécessaire pour « agir bien ». Ainsi, en pensant bien faire, on peut en réalité faire plus de mal aux animaux qu’on ne pourrait l’imaginer. Et nous n’en sommes absolument pas conscients.
C’est donc à cela que la science sert : elle permet de nous éclairer pour ne pas seulement agir sous le coup de nos émotions, mais avec recul et objectivité scientifique. Forts de nos connaissances, nous pouvons ainsi les appliquer dans la vie de tous les jours, aussi bien dans les refuges que chez les particuliers.
Thierry Bedossa, docteur vétérinaire praticien, comportementaliste, président et fondateur d’AVA, se rend chaque année, plusieurs fois par an, à différents congrès scientifiques auxquels il assiste et/ou participe, dans le monde entier. C’est pour lui à chaque fois l’occasion d’actualiser ses connaissances à la lumière des dernières avancées de la science. Tous les savoirs acquis lors de ces événements sont des trésors d’informations mis ensuite en pratique, aussi bien dans les refuges AVA que dans l’activité de praticien du Dr Bedossa. A titre d’exemple, les modes d’hébergement proposés à la ferme-refuge AVA (qui sont si différents des refuges « classiques » en ce qu’ils sont constitués de vastes espaces extérieurs de liberté ou de semi-liberté, sans promiscuité, afin de favoriser le bien-être de chaque individu) sont le fruit de ces connaissances scientifiques mais aussi d’expériences de terrain.
Du 7 au 9 octobre, s’est tenu le congrès scientifique Canine Science Conference à l’Université Colgate, à Hamilton, dans l’Etat de New York. C’est l’un des rendez-vous que le Dr Bedossa ne manque jamais. Pour la première fois, j’ai souhaité l’accompagner. J’avais besoin de comprendre, moi aussi, pourquoi la science lui importait tant, au point d’être au cœur des activités d’AVA.
Très honnêtement, je ne m’attendais pas à aimer autant ce congrès dédié au chien. Comme la plupart d’entre nous, « grand public », je fais partie de ceux qui considèrent que la science est un domaine relativement élitiste qui ne me concerne pas. J’ai même tendance à penser que la science enfonce un peu trop souvent des portes ouvertes et qu’il est vain de passer des années à essayer de prouver des évidences qui, bien souvent, seront de toute façon contredites dix ans plus tard par d’autres chercheurs. En bref, la science, ce n’était pas mon truc.
Mais ce week-end, j’ai changé d’avis. Et mon envie, désormais, c’est de vous faire comprendre pourquoi. J’ai été plongée dans une bulle de savoir extraordinaire. Pendant trois jours, au contact de certains des plus « gros cerveaux » du monde, chercheurs rattachés aux plus prestigieuses universités (Harvard, Yale…), qui, malgré leur impressionnant pedigree, m’ont semblé d’une gentillesse et d’une humilité déconcertantes. C’est sans doute la première fois que j’écoute des chercheurs parler de science participative, d’études réalisées à l’aide de vidéos YouTube ou de réunions Zoom, dans le souci de ne pas porter atteinte à des individus utilisés à des fins scientifiques. C’est un vrai changement de paradigme.
J’ai également été étonnée par le fait que la plupart des études soient indépendantes, et non financées par des laboratoires ou par l’industrie du petfood. En revanche, nombre d’entre elles sont financées et/ou co-menées avec le concours d’associations de protection animale, notamment la SPCA, qui est l’équivalent de notre SPA aux Etats-Unis. Et ça, c’est une vraie claque ! Aux Etats-Unis, la protection animale et la science ne sont pas opposées ; elles collaborent dans un intérêt commun. Cette alliance entre connaissance et bienveillance, c’est exactement ce que défend AVA. C’est sûrement la meilleure façon de témoigner aux animaux de la considération.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Les études se concentrent sur nos chiens de compagnie, alors que la planète est bien davantage peuplée de chiens libres et errants, auxquels la science ne s’intéresse hélas pas. De plus, notre esprit critique nous pousse à nous interroger sur la véracité des études menées. Depuis le Covid, nous savons à quel point les données scientifiques ne cessent d’être remises en question… Alors comment savoir si ce qu’un chercheur dit est vrai ?
La recherche de la vérité est justement une préoccupation permanente pour moi. Mais c’est là tout l’intérêt de la science : poser des questions, douter, éveiller son esprit critique, et ne jamais oublier le « bon sens ». Une maxime attribuée à Platon nous dit que : « Le premier savoir est le savoir de mon ignorance : c’est le début de l’intelligence », plus connue sous la citation : « Tout ce que je sais est que je ne sais rien ». La sagesse que l’on peut avoir à l’égard du Vivant commence peut-être là, à la frontière entre la quête de vérité et le sens de l’humilité. C’est en tout cas ce que défend AVA.
Elisa Gorins