A l’Association AVA, nous avons recueilli de nombreux chiens nés libres, adoptés par des particuliers via des associations qui les ont rapatriés en France métropolitaine, ou bien simplement trouvés par des particuliers dans la rue à l’occasion d’un voyage par exemple. Alors que ces adoptants (et les associations) pensent bien faire en recueillant ces chiens, il arrive hélas trop souvent que ces derniers ne s’habituent jamais à la vie de “chiens de compagnie” et souffrent de leur captivité.
Les conséquences sont parfois plus dramatiques qu’on ne pourrait l’imaginer, aussi bien pour le foyer (qui se retrouve alors désemparé face à une situation à laquelle il ne s’attendait pas) que pour l’animal : le mal-être éprouvé par le chien peut engendrer des conduites agressives, poussant le foyer à devoir s’en séparer voire à demander l’euthanasie.
Ces situations pourraient être évitées si les adoptants étaient suffisamment informés sur les particularités des chiens nés libres, issus d’une pression de sélection bien différente de celle de nos “chiens de compagnie”, comme l’explique notre Président, Thierry Bedossa, docteur vétérinaire comportementaliste, dans cette vidéo :
En consultation de médecine du comportement, le Dr Bedossa reçoit régulièrement des chiens nés libres. Ils lui sont présentés car ils ont développé des comportements dits « gênants » pour leur foyer. Face aux attentes des propriétaires dont la qualité de vie est alors dégradée, il n’y a que 3 options :
– Administrer un traitement chimique à l’animal (antidépresseur, anxiolytique…). Cette option n’est pas respectueuse de l’individu, car le chien n’est pas « malade », il a simplement un mode de vie et un environnement incompatibles avec ses besoins. Les médicaments auront pour effet de l’abrutir mais ne régleront pas le problème.
– Adapter l’humain au chien (et non l’inverse) au maximum : lui offrir plus d’activité, de liberté et de vie sociale, se faire accompagner par un professionnel, etc.
-Se séparer du chien dans l’espoir de lui trouver un autre cadre de vie plus compatible avec ses besoins.
Est-il éthique de capturer des chiens libres et de leur imposer une vie de chiens de compagnie ?
Ainsi, à la ferme-refuge AVA, nous avons par exemple le cas d’Archie, un chien trouvé errant au Mexique, alors qu’il était blessé. La dame qui l’a trouvé l’a fait soigner et a décidé de le garder pendant plusieurs années. Mais Archie s’est révélé mordeur, et lorsqu’un bébé est arrivé dans le foyer, la place d’Archie a été remise en question pour préserver la sécurité de l’enfant. C’est pour lui éviter l’euthanasie que nous l’avons recueilli.
Si Archie était resté au Mexique, peut-être que sa vie aurait été difficile et courte. Peut-être qu’il n’aurait pas survécu à sa blessure. Mais en le sauvant de la rue, son adoptante l’a, malgré elle, condamné à une vie qui ne lui convenait pas, celle d’un chien captif, qui n’a pas supporté qu’on attende de lui qu’il soit un « parfait chien de compagnie ». Archie finira sans doute sa vie dans notre refuge. Et même si nous faisons tout notre possible pour lui offrir une bonne qualité de vie, nous ne cessons de nous demander si, finalement, Archie n’aurait pas été plus heureux en étant libre au Mexique qu’enfermé pour le reste de ses jours dans un enclos….
Des cas comme celui d’Archie, nous ne les comptons plus. Nous ne comptons plus non plus les demandes de placement que l’on reçoit, émanant de particuliers désarmés face aux chiens qu’ils avaient adoptés via d’autres associations, sans savoir ce qui les attendait. Ces personnes pensaient faire une bonne action, sauver une vie, partager leur quotidien avec un chien longtemps désiré, parfois rêvé. Elles se retrouvent finalement avec un chien dont les comportements, non anticipés, les gênent plus qu’elles ne peuvent le supporter. Elles ont espéré que le chien change, qu’il finisse par s’adapter, et se rendent compte que c’est en fait à elles de s’adapter à un individu qui n’est pas tout à fait celui qu’elles croyaient.
Vous sensibiliser, c’est aussi les sauver
Certains chiens arrivent à s’adapter. Certains humains arrivent aussi à s’adapter, en se faisant conseiller et accompagner, en consacrant à leur chien un budget/temps et un niveau de dépense physique et mental suffisants, en lui accordant des moments de liberté, en leur donnant une vie sociale… Autant « d’adaptations » que tout adoptant est supposé faire, quel que soit son chien (chien né libre ou pas). Mais parfois, même avec la plus grande bienveillance, cela ne fonctionne pas. C’est là, lorsqu’il est déjà trop tard, que nous intervenons.
Grâce à vos dons, nous pouvons recueillir des chiens comme Archie pour les sauver de l’euthanasie. Mais votre soutien nous permet aussi de mener des actions de sensibilisation et d’information pour réduire les cruautés et maltraitances faites aux animaux. Soutenez-nous pour nous aider dans nos actions !